Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y a une objection que je crois deviner dans votre pensée. Si nous n’avons pas changé, si nous nous présentons toujours avec le même programme, si nous soutenons toujours les mêmes revendications, alors, c’est que nous n’avons rien fait depuis quatre ans… J’entends bien. Mais quand avons-nous eu le pouvoir ? Quand avons-nous été la majorité ? Quand avons-nous détenu la prépondérance et la direction dans une majorité de coalition ? Quand a-t-on fait appel à nous, après la chute des gouvernements radicaux, pour tenter à notre tour l’entreprise dans laquelle ils avaient échoué, c’est-à-dire pour entraîner les diverses fractions des gauches dans une action commune ? Quand donc avons-nous refusé de collaborer au gouvernement sur un programme qui fût simplement le programme radical ? En 1932, au congrès de Huyghens, non seulement nous n’avons pas refusé notre collaboration, mais nous l’avons offerte.

Ces souvenirs sont demeurés dans votre mémoire. Vous vous demandez, je le sais, — et cette appréhension vient compliquer les autres — si cette fois encore, la victoire des gauches n’aboutira pas à une démonstration d’impuissance, l’impuissance à la déception, la déception à une revanche de la réaction vaincue, et par conséquent à la violation de la volonté exprimée par le suffrage universel. Sans revenir sur le passé, je puis vous répondre qu’aujourd’hui la situation est nette. Le Parti Socialiste vous réclame le pouvoir pour lui, comme c’est le droit et le devoir de tout parti politique, afin d’appliquer son propre programme. Si, comme on peut le supposer, ni lui ni aucun autre parti de gauche n’obtient à lui seul la majorité, il