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de Champagne à Verdun et que les témoins demandaient quelquefois un certain délai avant de se rendre aux convocations de l’officier rapporteur.

C’est le 20 janvier que le Conseil de guerre se réunit à Verdun. Il est composé de la façon suivante : Président : lieutenant-colonel de Morcourt ; juges : chef de bataillon Chouren, capitaine Macquart, lieutenant Miesch, adjudant Barratte.

Sont entendus comme témoins — il n’y en a pas d’autres devant le Conseil de guerre, s’il y en a eu d’autres depuis lors — le commandant Arnould, le lieutenant Deron, les sergents Ghesquière et Descamps, le soldat Roger.

Et, par trois voix contre deux, Roger Salengro est acquitté.

M. Becquart a parlé tout à l’heure d’un verdict extraordinaire d’indulgence. Je conviens, en effet, qu’il y a quelque chose d’extraordinaire dans ce verdict. Ainsi que le disait tout à l’heure mon ami M. le ministre de la Guerre, s’il y a quelque chose d’extraordinaire, c’est l’acquittement.

Je vous rappelle que Salengro était absent, qu’il était vivant, qu’il n’avait pas de défenseur. Le commissaire du Gouvernement, d’autre part, avait requis la condamnation avec insistance, et ce représentant du ministère public était un homme très redoutable par son talent. En règle générale, on vous a dit combien les exceptions étaient rares. Tout contumax était alors presque fatalement condamné. Salengro est acquitté.

Il est acquitté en raison, je le pense, de la déposition du lieutenant Deron, en raison du scrupule des juges devant un cas comme celui qui leur était soumis, et aussi, très vraisemblablement, pour la raison que M. Becquart a indiquée : parce que, parmi les juges, Salengro trouva un défenseur en la personne du capitaine Macquart.

Messieurs, ni vous, ni moi, ni personne n’a à entrer dans le secret des délibérations d’un tribu-