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autre camarade, peut-être moins aimé que Demailly.

« Un homme voisin a dit : « Il mérite la croix de guerre. » J’ai dit : « Il l’aura. »

Il a eu une autre croix !

« On a tiré. Il était encore à la lisière, ignorant sans doute le point où il se trouvait. Puis, il a disparu. »

Voilà donc dans quelles conditions Roger Salengro disparaît et l’on ne s’étonnera pas si, dans ces conditions, aucune information n’est ouverte. Le chef de bataillon Arnould établit lui-même, en date du 18 octobre, le rapport auquel faisait allusion tout à l’heure M. le Ministre de la Guerre et qui concluait nécessairement au classement de l’affaire. Le général de brigade conclut également, à la même date, à la bonne foi de Salengro.

On a donné tout à l’heure à la Chambre quelques détails sur cette circonstance. Vous savez, dès à présent, que ce rapport concluait nécessairement à la non-information, puisqu’aucune information n’était alors ouverte. C’est la seule pièce qui manque aujourd’hui au dossier.

Il y a, en effet, un document qui a disparu, mais c’est celui-là. Seulement, les documents ne disparaissent pas toujours si complètement qu’ils ne laissent quelques traces.

Or, en tête de son rapport du 17 novembre, celui qui concluait pour la première fois à l’ouverture d’une information, le commandant Arnould a écrit textuellement ; « Le présent rapport, dressé après nouvelle enquête, annule le précédent en date du 18 octobre 1915. »

Comme M. Daladier vous l’a dit tout à l’heure, le général de brigade, en donnant son avis réglementaire, consigné à la suite de ce même rapport du 17 novembre, fait lui-même allusion à ce précédent rapport dans lequel il avait conclu à la bonne foi de Salengro.