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Puis je proposerai à la Chambre les réflexions et les conclusions qui me paraissent nécessaires.

Au commencement d’octobre 1915, Roger Salengro appartenait au 233e régiment d’infanterie, 51e division.

Il était cycliste du chef de bataillon qui, dans un rapport du 19 décembre — cet officier n’est autre que le chef de bataillon Arnould — s’exprime ainsi : « Durant les journées des 5, 6, 7 octobre, l’attitude de ce soldat, sous un bombardement infernal, fut celle d’un soldat à la fois brave et dévoué pour ses chefs et ses camarades, s’offrant à rendre service aux uns et aux autres, circulant hors des boyaux pour rassembler les comptes rendus et les pièces journalières des compagnies. »

Le 7 octobre, vers quatre heures de l’après-midi, Roger Salengro se trouvait au poste de secours où il avait accompagné un de ses camarades blessé. Le médecin du poste était le docteur Willot, médecin auxiliaire. Le docteur Willot demande à Salengro des nouvelles du lieutenant Deron, commandant la 24e compagnie, celle à laquelle Salengro avait appartenu jusqu’à sa désignation comme cycliste du chef de bataillon. On n’avait pas entendu parler du lieutenant Deron depuis l’attaque de la veille.

Salengro répondit : « J’y vais », et il se dirigea vers la 24e compagnie où il rencontra, vivant et sans blessures, le lieutenant Deron, auquel je laisse maintenant la parole :

« Le 7 octobre, dans l’après-midi, dit le lieutenant Deron, je me trouvais, avec ma compagnie, dans une tranchée de départ d’où j’étais allé la veille à l’assaut. Je vis arriver Salengro qui venait me féliciter aimablement et serrer la main aux