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Vous savez qu’il y a eu beaucoup de prophètes de malheur. Quand nous avons constitué le ministère, il y avait des hommes qui pensaient, ou qui affectaient de penser, et en tout cas, répétaient à l’envi : « Oui, ça va ! Ils en ont jusqu’au 15 juillet ! »

Nous avons dépassé le 15 juillet. Nous avons dépassé le 15 août, c’est-à-dire le jour de la clôture tardive de la session. Après cela, on s’est flatté de l’espoir que nous ne survivrions pas à l’alignement monétaire. Et il faut dire que l’opération n’était pas mal montée. Après cela, ç’a été le Congrès de Biarritz. Après cela, ç’a été le budget de Vincent Auriol, et j’ai lu, ce matin, dans un certain nombre de journaux, que le coup de mort nous était porté par le discours que notre camarade Maurice Thorez a prononcé avant-hier soir à la Mutualité, dans une assemblée d’information du Parti Communiste.

Je ne sais pas du tout, bien entendu, comment les événements se développeront. Je pense toujours, comme je l’ai dit à Orléans, comme je suis prêt à le répéter en toutes occasions, que le Gouvernement de Front Populaire, constitué par la collaboration d’un certain nombre de partis politiques, perdrait sa raison d’être le jour où l’un de ces partis dénoncerait le pacte fondamental, le pacte organique qui est à la base même de notre Gouvernement, et cela, bien entendu, est vrai des communistes, comme cela est vrai des radicaux.

Mais, s’il faut vous dire ma pensée toute personnelle, je suis convaincu que nous franchirons cet obstacle comme les obstacles précédents et que le Parti Communiste ne nous retirera nullement le soutien sans réserve et sans éclipse qui nous a été solennellement promis par lui, au moment où nous lui avons offert de participer au. Gouvernement que nous avons constitué. Par conséquent, pour ma part, je suis, je vous le répète, pleinement