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30 % du prix de revient a moins d’effet qu’une augmentation du taux de l’escompte ou qu’une variation dans le cours de matières premières telles que le coton ou le cuivre, sujettes à des mouvements de bourse que vous connaissez tous ; cela a moins d’importance que telle ou telle disposition fiscale.

Messieurs, il ne faut pas exagérer cela ; et si j’entrais dans le détail — ce que je ne veux pas faire, surtout à une pareille heure — je vous dirais que cette impossibilité de prévoir les prix de revient existe d’autant moins que la plupart du temps le prix de la marchandise est fixé quand la hausse des prix généraux est déjà acquise, alors qu’elle a été fabriquée avec des salaires plus bas ; que le décalage qui existe forcément entre l’augmentation des prix et l’augmentation consécutive des salaires s’exerce toujours au détriment des travailleurs.

Quant à la question de la baisse des salaires, monsieur Hervey, on a inscrit des clauses de baisse des salaires dans les contrats de Lille et des Vosges. Les contrats collectifs ne sont d’ailleurs conclus, vous le savez, que pour une assez faible durée. Quelle est l’organisation ouvrière qui, si elle se trouvait en présence d’une baisse générale du coût de la vie, préférerait charger le patronat de taux de salaires trop lourds, au risque d’entraîner la fermeture de l’usine, la ruine de l’industriel et son propre chômage généralisé ? Et d’autre part, ne serait-il pas bien de lutter contre cette habitude qu’on n’a que trop suivie en France, vous le savez, et qui consiste, quand le prix de revient paraît trop élevé, à procéder tout d’abord à ce geste paresseux et facile de l’amputation des salaires, alors que la compression des prix de revient pourrait, au bénéfice de tous, s’obtenir avec d’autres moyens.

N’est-il pas de l’intérêt de l’industriel de rechercher précisément d’autres modes de compression