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Elle est la part faite à la classe ouvrière, aux travailleurs, dans l’accroissement de la production et dans le développement de la richesse. Aujourd’hui cette mesure conservatrice, l’échelle mobile des salaires, je ne sais par quel incompréhensible paradoxe, ce sont les associations ouvrières, c’est la Confédération Générale du Travail qui la réclament, tout au moins qui se disposent à l’accepter ; et, au contraire, ce sont les organisations les plus élevées du patronat qui la rejettent et qui s’adressent aux Assemblées et au législateur pour leur demander de l’écarter.

D’autre part, y a-t-il quelqu’un ici qui puisse imaginer, en cas de hausse sensible des prix, que l’on puisse éviter la hausse de salaires ? Qui le croit possible ? Les salaires actuels en France, même avec le relèvement général de l’accord Matignon, même avec les rajustements qui proviennent de la conclusion des contrats collectifs, sont encore inférieurs aux taux de 1930.

Vous pensez que, dans un mouvement de grande extension des affaires, de hausse sensible des prix, les revendications sur les salaires pourront être évitées ? Préférez-vous qu’elles se présentent dans le désordre et dans la lutte, ou bien qu’elles soient d’avance réglées par le jeu de contrats et aussi de juridictions créés et acceptés par les organisations intéressées ?

Tout à l’heure je vous disais : mesure de conservatisme social. Je vous dis maintenant : mesure de paix sociale. Or, chose étrange, ce sont les organisations ouvrières qui sont conservatrices et pacifiques, et ce sont certaines expressions du grand patronat qui semblent ne vouloir ni de la conservation ni de la paix.

Les contrats collectifs comportant l’échelle mobile des salaires existent depuis des années dans l’industrie du livre. L’échelle mobile figure dans les derniers contrats collectifs dont nous ayons