Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.

éprouvées par une hausse des prix l’indication que le législateur pense aux moyens de les sauvegarder et prépare déjà en quelque mesure ces moyens ?

Je ne demande que cela au Sénat, mais je le demande très fermement.

Je ne lui demande pas de réintégrer dans le texte la formule ou l’idée de l’échelle mobile. J’ai accepté, devant la Chambre, qu’elle disparût. Ce n’est pas pour vous demander de la réintroduire.

Et cependant, messieurs, puisque le Sénat — et je l’en remercie — m’a permis de prendre avec lui ce ton de libre franchise, laissez-moi vous dire que lorsque le Gouvernement a introduit dans ce projet l’idée de l’échelle mobile, il n’était pas à ce point atteint d’aberration. Il ne commettait pas une erreur si absurde. Il ne faisait pas quelque chose de si imprévoyant et de si fou.

Nous vivons dans un temps où vraiment les plus étranges contradictions apparaissent aux observateurs, même quand ces observateurs sont aussi peu désintéressés que je puis maintenant l’être. Savez-vous ce que c’est que l’échelle mobile ? C’est une mesure de conservation sociale. Ce n’est pas une mesure révolutionnaire, une mesure syndicaliste. C’est une mesure conservatrice.

L’échelle mobile est un procédé qui fixe, qui consolide, qui cristallise le pouvoir d’achat effectif des revenus du travail, alors que la revendication toute naturelle du monde du travail est, au contraire, la croissance continue du pouvoir d’achat réel de ses salaires. Dans la doctrine ouvrière, dans la doctrine syndicaliste, cette croissance continue du pouvoir d’achat des salaires est la rançon même du progrès général.