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En économie fermée, théoriquement, un changement de la parité or de la monnaie ne devrait exercer aucune influence sur les prix. Même en économie soumise à des lois d’osmose ou à des échanges capillaires, même dans une économie où pénètrent des matières premières ou des marchandises internationales, on peut et on doit raisonnablement supposer que cet élément d’accroissement des prix de revient peut être compensé par la réduction d’autres éléments, tels que le taux d’intérêt, la circulation plus rapide des capitaux et la répartition sur un plus grand nombre d’unités produites, ou sur un chiffre de francs plus élevé, des charges fixes et invariables des entreprises. Je ne reviens pas là-dessus, encore une fois, car le Sénat est complètement éclairé.

Cependant, est-il possible d’exclure complètement d’un texte comme celui-ci toute prévision d’une hausse possible ? Et la hausse reste possible, en raison même de ces phénomènes d’échange, d’osmose, dont je parlais tout à l’heure. Car la plus grande différence entre la dévaluation anglaise, par exemple, et la dévaluation française, c’est que la dévaluation anglaise s’est produite au moment d’une baisse verticale des prix mondiaux, qui a compensé et au delà les effets possibles de la dépréciation monétaire ; tandis que nous dévaluons, nous — c’est à la fois une circonstance malheureuse et une circonstance heureuse — dans un courant absolument contraire, nous dévaluons dans un moment de reprise et de hausse de prix mondiaux, phénomène qui, lui non plus, ne peut être contesté ici par personne.

Peut-on exclure complètement cette hypothèse ? Peut-on surtout, messieurs — car c’est pour moi l’essentiel, je l’avoue — peut-on, se plaçant sur le plan politique, moral et social, exclure d’un texte comme celui-ci toute formule donnant aux catégories sociales qui seraient le plus directement