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veille d’une hausse si brusque, si nette, qu’il soit nécessaire de proposer tout de suite au Parlement les moyens d’en compenser les effets. »

On nous a dit : « il y a là une contradiction » et l’on a ajouté : « il y a aussi un danger parce que, en prévoyant ainsi la hausse, en prenant contre elle des mesures si précises et si proches, vous l’annoncez, et en l’annonçant, vous la légitimez dans une certaine mesure, peut-être même vous contribuerez à la provoquer ».

Je ne déforme pas, je crois, la pensée de la majorité de la commission sénatoriale et je note ainsi assez exactement le leitmotiv du rapport et du discours de mon honorable ami M. Abel Gardey.

Quand on nous a fait cette objection, à la délégation des gauches, nous avons senti ce qu’elle avait de juste et c’est pour en tenir compte que nous avons accepté le remplacement des articles 14, 15 et 15 bis par l’article nouveau qui figurait dans le texte que la Chambre a envoyé au Sénat, texte rédigé volontairement dans des termes extrêmement vagues, où l’on ne précisait et n’excluait aucune catégorie sociale, où l’on ne précisait ni excluait aucune des mesures par lesquelles on pourrait parer à une hausse.

Même assorti de ces précautions, votre commission n’a pas accepté le texte de la Chambre et elle vous propose un texte dont toutes dispositions de ce genre, que ce soient celles de la Chambre ou toute autre inspirée du même esprit, sont bannies.

Je veux dire au Sénat pourquoi il est impossible au Gouvernement de donner son assentiment à la décision prise à cet égard par la commission des finances. Une dévaluation monétaire, à mon sens, peut s’accomplir, en effet, sans que les prix en soient sensiblement affectés. Je ne reprends pas pour la dixième fois une démonstration théorique dont, à cette heure, vous devez être las, et qui ne serait pour vous que fastidieuse.