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Voilà le sens de cette expérience. Vous le sentez par instinct ou même par réflexion, et c’est pourquoi l’échec de cette expérience aurait pour ce pays une importance et peut-être une gravité qui ne peut pas vous échapper.

Tel est exactement cet état d’esprit que je viens de vous définir, avec une franchise à laquelle tout au moins vous rendrez hommage. Je ne sais pas si j’ai eu « l’autorité » pour m’exprimer devant vous, mais vous conviendrez que j’en ai eu le courage.

C’est exactement ce même état d’esprit qui nous a inspirés quand nous avons rédigé le projet de loi tel que nous l’avons présenté à la Chambre des députés. Ces articles 14, 15 et 15 bis, que la commission a disjoints et auxquels elle a substitué l’article 13 bis qui vous est maintenant soumis, s’inspiraient de la même pensée. En présence d’une opération monétaire et économique telle que la dévaluation, ces textes-là tendaient à réaliser, à procurer l’atmosphère politique, morale, sociale, que nous jugions nécessaire à la réussite.

Je ne veux dire qu’un mot du fond de ces mesures, car j’ai placé volontairement le débat sur un autre plan. On nous a dit à la Chambre des députés, du côté de la délégation des gauches, c’est-à-dire du côté des groupes qui constituent, à la Chambre, la majorité, que ces textes, tels que nous les avions préparés, comportaient une contradiction ou, pour le moins, qu’ils accusaient une imprudence. On nous a dit — cela a été répété au Sénat et c’est au fond l’idée maîtresse du rapport de mon honorable ami M. Abel Gardey — « Comment ! vous pensez, en tout cas, vous déclarez, que la dévaluation ne doit pas entraîner de hausse des prix, ou du moins que des hausses très peu sensibles, et vous agissez comme si vous étiez à la