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gime capitaliste, l’équilibre est rompu entre la production et la consommation. Le monde est incapable de consommer tout ce qu’il est capable de produire. La quantité de richesses que l’appareil producteur est en état de créer surpasse la quantité de moyens d’achat qui permettraient à la consommation de les absorber. Cela posé d’un commun accord, il ne vous échappe pas, chers citoyens, que pour parer aux effets de la crise, deux systèmes sont concevables : ou bien diminuer la production pour l’abaisser au niveau d’une consommation réduite ; ou bien accroître la consommation pour la rehausser au niveau de la production normale.

Le premier système s’appelle la déflation. On l’a pratiqué depuis quatre ans, sous vos yeux et à vos dépens, avec une rigueur croissante. Chaque tentative échouait à son tour. Mais on ne renonçait pas pour si peu au système. On ne se disait pas : le remède est un poison. On se disait : la dose est insuffisante. Et on l’administrait par quantités encore plus massives.

La déflation, cela signifiait mettre à la raison une production dévergondée. Cela signifiait cesser les investissements, couper les crédits, diminuer le nombre des entreprises par la faillite et le nombre des travailleurs par le chômage. Cela signifiait comprimer les prix de revient privés et publics, c’est-à-dire réduire les salaires, les traitements, les pensions, les allocations de toute nature. Cela signifiait « résorber les excédents » et « assainir les marchés », c’est-à-dire détruire des outillages, des stocks, des récoltes, interdire des emblavements et des plantations. Cela signifiait « réduire le train de maison de l’État », c’est-à-dire supprimer ou comprimer à l’extrême limite tous les crédits budgétaires productifs : construction de routes ou d’écoles, subventions de toute nature aux départements et aux communes, dépenses d’assistance. La pénitence était dure, mais on vous affirmait