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été autrement fâchés de s’entretenir avec M. Léon Jouhaux. Et ce n’est pas à moi que la légende prête le mot : « Voilà mon fauteuil, prenez ma place » ; c’est à M. Clemenceau.

Messieurs, je ne prête pas ma place à M. Jouhaux, mais je suis son ami et, en effet, il m’arrive, et il m’arrivera, de conférer avec lui et avec les autres représentants des organisations ouvrières. Je ne sais pas, quant à moi, et je ne conçois pas — peut-être ai-je une notion surannée de la République — ce que serait un Gouvernement républicain qui voudrait gouverner en dehors du contact avec la démocratie ouvrière organisée.

Si c’est un crime de ma part de penser cela, il est irrémédiable. Vous n’aurez de ma part ni contrition, ni repentir, ni quoi que ce soit qui y ressemble.

Au surplus, a-t-il été possible à aucun moment de l’histoire de la République de la défendre sans le secours de la classe ouvrière ? Est-ce que, si des menaces étaient de nouveau dirigées contre elle, il serait possible d’envisager sa défense sans le concours, sans le contact de la classe ouvrière ?

Je pense que, pour le Gouvernement que je préside, ce contact avec les organisations ouvrières n’est ni une faiblesse que nous devions subir, ni une faute dont nous devions rougir. Je pense que c’est une force et tous ceux qui, dans ce pays, tiennent à la paix sociale devraient s’en réjouir ; car c’est une chose étrange de s’élever contre les organisations ouvrières quand elles se dressent contre tous les Gouvernements quelconques dans une sorte d’opposition indistincte et, ensuite, de leur reprocher leur collaboration avec le Gouvernement quand elles entreprennent avec lui, dans le cadre de la légalité républicaine, une tentative de travail et de réalisation commune.

Messieurs, les observations que je fais ne sont pas oiseuses, je ne le pense pas. Elles touchent, je