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pouvait dégénérer en une véritable guerre civile.

Si mes collègues et moi nous avons pu rendre un service à notre pays, c’est en effet d’avoir contribué à cet apaisement ; et si notre Gouvernement, tant attaqué et tant honni, peut garder, non pas dans l’histoire, à laquelle aucun de nous ne prétend, mais au moins vis-à-vis de juges équitables, une raison d’être, c’est que peut-être, en effet, il a rempli cette tâche mieux qu’un autre, plus efficacement qu’un autre ne l’aurait fait.

Je ne dis pas que la situation soit aujourd’hui la même ; et c’est le devoir de l’homme politique de peser à chaque instant, dans leurs relations et dans leurs poids respectifs, les intérêts et les droits. J’affirme qu’à cette époque — en juin et en juillet — le premier devoir du Gouvernement était d’éviter des actes de répression qui auraient tourné à une véritable guerre sociale, et d’essayer de rétablir la concorde, dans l’équité et dans la justice des relations contractuelles.

Quand les Chambres se sont séparées, ces conflits étaient à peu près apaisés ; la statistique des grèves et des occupations, au commencement de septembre, était à peu près nulle. Dans la seconde quinzaine de septembre, les mouvements ont recommencé. Ils commencent de nouveau à s’apaiser.

Mais ici, je dois dire, avec la même clarté et avec la même franchise que tout à l’heure, ce que je pense. Aujourd’hui, le plus grand danger pour notre pays, ou du moins un très grave danger, et au dedans et au dehors, serait que cette période d’agitation sociale se prolongeât davantage.

Je pense qu’un effort de restauration économique comme celui que nous avons tenté et comme celui que nous reprenons, pour lequel nous avons l’espoir de réussir avec la mesure que nous présentons maintenant au Parlement, doit attendre son succès, pour la plus large part, de l’instau-