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été chargé par mon parti d’appliquer au Gouvernement, n’est pas le programme socialiste.

Je préside un Gouvernement de coalition, chargé d’appliquer un programme dressé en commun entre les différents partis qui le composent et, dans cette collaboration avec les représentants d’autres partis, je ne crois pas avoir jamais manqué de loyauté. C’est toujours la pensée commune que j’ai essayé d’exprimer par une action commune.

Je ne suis donc pas, je le répète, un chef de Gouvernement dont l’intention, même secrète, même hypocrite, soit d’appliquer au pouvoir les doctrines de son parti. Un jour viendra peut-être dans ce pays où le parti socialiste sera assez fort, assez puissant, aura poussé assez loin sa force de pénétration et de persuasion pour que d’autres actions soient possibles. Nous n’en sommes pas là. Ce n’est pas ce rôle que je joue.

Messieurs, on a beaucoup parlé des atteintes portées au droit de propriété, aux droits individuels. Le Gouvernement que je préside n’est pas un Gouvernement d’expropriation, il n’a pas pour objet de réaliser directement ou obliquement une expropriation révolutionnaire de certaines formes de la propriété capitaliste. Ce n’est pas le mandat que j’ai reçu et ce n’est pas l’intention que j’ai.

Seulement, sans entrer dans aucun débat sur le droit de propriété, est-ce que ce droit de propriété a toujours été considéré par le législateur comme quelque chose qui dût surmonter tous les intérêts collectifs et qui dût prévaloir contre eux ? Quand vous avez pris des mesures concernant les loyers, ne légifériez-vous pas contre la propriété individuelle ? Quand des décrets-lois ont réduit les loyers, n’ont-ils pas, je ne voudrais pas dire légiféré, mais le verbe me manque, contre la liberté individuelle ? Quel est le devoir d’un homme politique ? Certes, les droits individuels comptent pour lui et il doit les faire respecter, mais son premier