Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/243

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vous le savez, messieurs, et cependant, le sachant, une Assemblée aussi prudente et aussi expérimentée que la vôtre vient tout à l’heure de se partager en deux parties à peine inégales, quand il s’agissait de cette constatation de fait. Dès votre premier contact avec le Gouvernement, par vos votes, vous avez donc tenu à lui manifester vos sentiments, sentiments que je ne me charge pas, parce que ce n’est pas mon rôle, de définir d’une façon parfaitement précise, mais qui ne traduisent manifestement pas une confiance unanime, ni même la confiance unanime des groupes politiques de cette Assemblée dont les partis sont représentés au Gouvernement.

C’est à cela que je veux répondre, et répondre selon mon usage. Vous me connaissez peu, mais mes collègues de l’autre Chambre savent que, dans de telles conjonctures, j’ai coutume de répondre avec franchise et netteté. Je veux donc m’expliquer là-dessus au Sénat, à visage découvert, sans rien dissimuler de ma pensée. Quelle est la raison — telle que je la trouve, selon moi, à travers les discours que j’ai entendus ou qui m’ont été rapportés, puisque je n’ai pas eu la bonne fortune de les entendre tous — quelle est la raison des sentiments qui se traduisent par le scrutin auquel je viens de faire allusion ?

J’ai entendu mon honorable ami, M. Fourcade, l’autoritaire M. Fourcade, me reprocher aimablement mon manque d’autorité. Je suis très mauvais juge en ce qui concerne mon autorité personnelle. Je sais cependant par expérience qu’il y a divers moyens d’exercer l’autorité, que les apparences et le ton de l’autorité ne sont pas toujours l’autorité réelle, qu’il arrive, qu’il est arrivé déjà, à d’autres assurément, que l’autorité s’exerce par des moyens de persuasion, intellectuelle ou politique. Je ne sais si je dispose de telles armes et de tels moyens, mais je tiens à dire à cette Assemblée que si je