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dance s’est renversée sur les différents marchés internationaux. Les sorties d’or ont recommencé et ont pris un caractère sérieux.

Messieurs, je ne veux pas entrer, ici, dans des analyses d’ordre technique pour lesquelles, d’ailleurs, je ne me sentirais pas de vocation particulière, mais le système monétaire de ce pays et des autres pays a ceci de profondément contradictoire et, à première vue, de presque inintelligible, que, dans un pays attaché à l’or, les intérêts de la parité et les intérêts de l’encaisse métallique sont contradictoires, que l’on ne peut pas, lorsque la monnaie est menacée, défendre sa parité sans exposer l’encaisse, et que, lorsque l’encaisse est menacée, on ne peut pas la défendre et la préserver sans menacer et même, à un moment donné, sans abandonner la parité.

Il en est ainsi. C’est un fait qu’il est impossible de contester ou de contredire.

Nous vivons aussi dans une situation monétaire si paradoxale à bien des égards que l’encaisse des pays à étalon-or, conservant le système de la convertibilité-or, est livrée à la fluctuation des monnaies libres.

Nous nous en souvenons tous, parce que nous avons vu cela sous nos yeux, entre 1926 et 1929, c’est-à-dire à l’époque où la livre et le dollar étaient des monnaies appréciées et le franc une monnaie dépréciée.

Nous avons vu comment, à cette époque, et par le jeu de ce mécanisme, l’or anglais et américain avait été drainé dans une si large mesure au profit de la Banque de France.

Il s’est produit, lorsque le franc a été attaqué — et il l’a été à bien des reprises depuis deux ans — il s’est produit le phénomène inverse, c’est-à-dire que l’encaisse du pays attaché à l’or, où le principe de la convertibilité demeurait intact, se vidait au profit du fonds d’égalisation ou des banques de