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sion avec les émeutiers fascistes. Il s’est toujours refusé à participer aux combinaisons directes d’Union Nationale ou de Trêve, qui dissimulent, en réalité, l’esprit de connivence ou, dans la meilleure hypothèse, l’esprit de faiblesse vis-à-vis des adversaires de la liberté. Rappelez-vous, chers citoyens, l’attitude de notre Parti aux heures critiques. Le 6 Février, nous avons ranimé la flamme républicaine dans une Chambre déjà battue par l’émeute. Le 7, nous avons offert notre concours pour toutes les formes de la résistance. Quelques jours se passent et c’est notre initiative, jointe à celle de la C.G.T., qui a permis la grande journée réparatrice et salvatrice du 12 Février 1934. Vient l’automne de 1934 ; c’est nous qui avons dénoncé la tentative de fascisme larvé de MM. Doumergue et Tardieu, c’est nous qui avons sonné l’alarme et réveillé les consciences républicaines. Il y a quelques semaines encore, c’est nous qui menions à la tribune, dans la presse, dans le pays, l’attaque contre le cabinet Laval, c’est nous qui avons convaincu son chef de complicité avec le fascisme du dedans et du dehors, c’est nous qui l’avons jeté à bas du pouvoir. J’ai le droit de dire que, par nôtre attitude au 6 et au 12 février 1934, par nos initiatives dans les moments difficiles qui ont suivi l’émeute, nous avons lancé et popularisé en France les idées ou les sentiments d’où sont issus, d’une part l’Unité d’Action prolétarienne, d’autre part le Front Populaire Républicain.

Nous avons fait reculer la vague d’assaut fasciste. Vous savez bien cependant que la menace n’a pas disparu, que le calme présent est précaire ou fallacieux. Notre effort commun a refoulé le fascisme, il ne l’a pas éliminé. Les ligues paramilitaires du fascisme ne sont pas dissoutes. Elles continuent à recruter et à s’armer dans l’ombre. Que préparent-elles pour le lendemain de la victoire certaine du Front populaire ? Tenteront-elles un