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Nous avons essayé, comme je l’ai dit deux ou trois fois dans nos débats, en ces derniers mois, d’obtenir, par d’autres moyens, les résultats, assurément bienfaisants, qui, dans d’autres pays, avaient été acquis par les opérations monétaires.

Nous avons essayé d’obtenir, par d’autres moyens, la reprise, le démarrage, la stimulation de tous les centres de la vie économique du pays.

Nous avons aussi essayé d’obtenir, par un appel à la thésaurisation intérieure, le reflux dans la circulation d’un apport de capitaux, jusque-là inutilisés. Car c’est là que résidait, selon nous, la plus grande différence entre la France et d’autres pays qui avaient dévalué avant elle. Il existait en France, en effet, à la différence des autres pays, une masse de capitaux thésaurisés dont le reflux dans la circulation économique pouvait créer, matériellement et psychologiquement, la sensation de choc nécessaire pour le démarrage.

Nous avons essayé cela. Est-ce que nous avons échoué ?

Quand bien même nous aurions échoué, notre devoir aurait-il été de nous obstiner dans notre erreur ?

Je suis convaincu qu’autant il a été naturel, par exemple, au début de la dernière législature, de s’engager dans la déflation, autant ce fut une erreur de s’y obstiner contre les enseignements que l’on commençait à recevoir de l’expérience.

Quand bien même donc nous nous serions trompés, il y a trois mois, n’aurions-nous pas le droit de venir dire à la Chambre et au pays : après expérience faite, nous estimons que nous nous sommes trompés ; nous pensons que c’est dans une autre voie qu’il faut rechercher ce qui est commun à tous, j’imagine, dans notre pensée et dans notre désir, c’est-à-dire le relèvement économique du pays.

Quand même on viendrait nous dire que nous nous sommes trompés il y a trois mois, est-ce que