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C’est vrai dans une très large mesure. Il en est ainsi, et il en est à peu près fatalement ainsi, chaque fois qu’il s’agit d’opérations de la nature de celle que nous soumettons en ce moment aux Chambres françaises.

Il est impossible à tout Gouvernement quel qu’il soit de ne pas garder le secret le plus profond jusqu’au moment où sa décision peut être rendue publique. À partir du moment où elle est connue, il se trouve qu’elle est déjà exécutée par la publicité même qu’elle a reçue.

Dès qu’un Gouvernement a parlé d’alignement monétaire, cet alignement est fait, à peu près irrévocablement fait. Il en est fatalement ainsi, et aucun Gouvernement, si respectueux soit-il des prérogatives et de la souveraineté parlementaires, n’aurait pu agir autrement que nous l’avons fait nous-mêmes.

Il serait très facile aujourd’hui à la Chambre souveraine de nous renverser, par exemple si elle ne trouvait pas nos explications suffisantes ; il lui serait très difficile, presque impossible, de revenir sur ce qui a été fait.

Il ne peut pas en être autrement, je le répète après M. Schuman. Et ainsi, par la force des choses, ce que nous avons pu, mon ami Vincent Auriol et moi-même, dire aujourd’hui, devant la Chambre, a eu nécessairement le caractère d’explications et de justifications.

Je voudrais, après mon ami Vincent Auriol et après M. Mendès-France, vous rappeler devant quelle situation nous nous sommes trouvés quand nous nous sommes installés au Gouvernement.

Je n’ai pas à revenir sur la politique de la déflation. Il ne s’agit ni de l’attaquer, ni de la justifier. Il s’agit seulement de se souvenir qu’au lendemain des élections du 6 mai, dans un pays dont le ré-