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solennité que je n’accepterais jamais, quant à moi, de voir le Parti Communiste rejeté hors de la majorité par une pression du dehors. J’ai dit qu’à mes yeux le Gouvernement de Front Populaire perdrait alors sa raison d’être. Si, aujourd’hui, le Parti Communiste avait dû se détacher volontairement de la majorité, s’il avait dû désavouer par son vote l’action du Gouvernement dans une question d’une telle importance, la situation serait la même et la conséquence serait la même.

C’est à lui, bien entendu, qu’il a appartenu, et appartient encore, de peser si une divergence de vues, que je n’ai pas cherché plus que lui à dissimuler, doit entraver l’œuvre politique et sociale que nous avons entreprise ensemble il y a six mois.

Quant à moi, je suis et je reste l’homme d’une seule parole. Je fais le souhait ardent, non seulement que nous franchissions une difficulté d’une heure, mais que nous la surmontions dans des conditions telles que l’action commune de demain puisse se poursuivre entre nous en pleine confiance et en pleine loyauté.

La Chambre connaît les circonstances qui m’ont conduit à m’adresser ainsi à la majorité habituelle d’un Gouvernement, à ce que je me permettrai d’appeler sa majorité organique.

Mais je ne veux quitter la tribune que sur un appel adressé à l’Assemblée entière.

Je lui demande de mesurer en pleine conscience l’effet que produira au dehors le vote qui sera émis ici tout à l’heure.

Je lui demande de faire ce qu’après tout nous avons fait nous-mêmes, c’est-à-dire de surmonter des passions ou des préventions, de surmonter des solidarités ou des craintes et de ne penser qu’aux deux grandes causes à la fois nationales et universelles qui, dans notre esprit, sont indissolublement liées, celle de la France républicaine et celle de la paix.