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J’ai parlé il y a un instant de lutte désespérée. C’est une formule verbale, mais je ne renonce en aucune manière, et je déclare que je ne renoncerai jamais, à l’espoir d’écarter de l’Europe la catastrophe sans nom qui paraît à certains moments suspendue sur elle.

Cet espoir n’est pas fait de chimères, il n’est pas gonflé de vanité, je le sens se fortifier en moi quand j’essaie d’envisager l’ensemble de l’Europe et de faire la revue, le dénombrement, à la mode homérique, de toutes les forces de paix.

Mon ami M. Paul Reynaud a parlé de notre inertie. J’ai été surpris mais flatté de retrouver dans sa bouche la formule déjà populaire : « Blum à l’action. »

Je ne pense pas qu’il ait apprécié équitablement l’œuvre accomplie par le Gouvernement, et spécialement par son Ministre des Affaires Étrangères, en six mois d’une existence assez laborieuse.

Nous ne sommes pas isolés en Europe. Nous avons, dans une large mesure, donné un corps à cette formule qui terminait notre déclaration ministérielle : « rendre confiance à l’Europe pacifique. »

Ce n’est pas le lieu de dresser un bilan de la situation créée par des événements remontant déjà à quelques années et, d’ailleurs, on ne dresse pas un bilan diplomatique comme mon ami Vincent Auriol a pu dresser un jour, à cette tribune, le bilan économique et financier de l’état de choses qui nous était légué.

M. Yvon Delbos vous a montré hier quelle était la situation actuelle. Il a placé au premier rang l’étroite cordialité de nos rapports avec l’Angleterre, et il a eu raison, car nos autres amis sont unanimes à reconnaître et à déclarer que l’accord franco-anglais réagit sur l’ensemble, sur tout le reste des relations internationales.

Où en étaient cependant les rapports de la France et de la Grande-Bretagne après l’affaire d’Éthiopie