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comme on doit le dire, mais comme on a seulement le droit de le dire, c’est-à-dire avec la calme et ferme résolution d’aller jusqu’aux conséquences extrêmes de notre parole. On n’a pas le droit de le dire autrement.

Tout gouvernement français digne de la France peut être réduit à envisager cela, s’il s’agit de l’intégrité de notre sol ou de l’intégrité des territoires que protège notre signature, s’il s’agit du respect des obligations que nous avons contractées, soit en vertu du pacte général de la Société des nations, soit en vertu des pactes et des engagements particuliers qui le corroborent.

De telles éventualités ne peuvent pas, hélas ! être exclues, être chassées de l’esprit. Certes, le Gouvernement lutterait désespérément, je le déclare, pour les prévenir ou pour les détourner. Il se raidirait jusqu’à l’extrémité de l’effort possible. À aucun moment, en aucune circonstance, il ne s’abandonnerait à la plus funeste de toutes les idées, l’idée de la fatalité de la guerre.

Mais si, malgré tout, ce danger devait jamais se rapprocher de trop près, il y a, du moins, un devoir suprême, qui pèserait sur nous. Responsables du salut de ce pays, tant que la direction de ses affaires est remise entre nos mains, notre devoir serait de veiller à ce que cette occasion terrible ne se présentât pas dans des conditions, Thorez, où la France précisément risquerait d’être isolée, où nous trouverions l’Europe incertaine, ou plus qu’incertaine et la France divisée.

Et je crois bien qu’en invoquant, comme je viens de le faire, ce devoir suprême, j’ai apporté ici notre suprême justification.

Messieurs, j’ai dit l’essentiel, mais ce n’est pas cependant, vous le comprendrez, sur de si sombres perspectives que je voudrais conclure.