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tion de Londres se dissociait, si chaque nation reprenait sa liberté, est-ce que le danger ne renaîtrait pas ? Et est-ce qu’il ne vous apparaît pas, à bien des signes, qu’il est précisément en train de renaître ?

Alors, est-ce que la solution ne serait pas aujourd’hui comme hier, à Genève comme à Londres, d’obtenir malgré tout que l’organisation se consolide, qu’enfin les engagements cessent d’être une duperie, qu’enfin leur validité soit garantie ?

Ce que nous avons cherché dans le pacte d’hier, est-ce qu’aujourd’hui ce n’est pas, avant tout, dans la sévérité et dans l’efficacité du contrôle que nous devons essayer de le trouver ?

Voilà ma conviction, messieurs, que je partage avec le ministre des Affaires étrangères, et avec le Gouvernement.

Je veux aller plus loin dans ma pensée. Quand bien même les critiques qui nous ont été adressées seraient fondées, à quoi se ramèneraient-elles donc ?

Personne ne peut contester et personne n’a discuté nos intentions. Nous avons eu l’intention de préserver la paix, personne n’en doute. Notre but, on le connaît : c’est la paix.

Qu’est-ce que l’on pourrait nous reprocher ? D’avoir dépassé le but ? D’avoir trop redouté la guerre ? D’avoir trop fait pour la paix ? S’il y avait une erreur de notre part, messieurs, ce serait celle-là. Eh bien ! nous pouvons nous accommoder d’un tel reproche.

Et s’il faut choisir, nous aimons mieux avoir exagéré un risque de guerre que de l’avoir méconnu. Erreur pour erreur, nous préférons avoir trop fait pour la paix que trop peu. Nous aimons mieux avoir péché par excès, si nous avons péché, que d’avoir péché par insuffisance.