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On nous a objecté que, en tout cas, la concurrence et la surenchère des fournitures n’auraient pas entraîné des conséquences aussi terribles, aussi dramatiques que celles que nous avons redoutées, puisque, somme toute, depuis la fin d’octobre, l’Union des républiques soviétiques, après l’Allemagne et l’Italie, et pour rétablir l’équilibre, a procédé à des livraisons d’armes à la République espagnole et que, cependant, il n’en est pas sorti la guerre.

Messieurs, je crois, moi, tout au contraire, que, au mois d’août dernier, l’Europe a été au bord de la guerre, et je crois qu’elle a été sauvée de la guerre par l’initiative française.

Je ne puis pas le prouver, assurément. Je ne puis pas prouver que la guerre aurait éclaté sans le pacte, puisque, précisément, le pacte a été conclu. Mais je garde cette conviction au fond de moi-même, et, sans pouvoir entrer ici dans le détail des indices et des témoignages, je puis cependant assurer la Chambre que je ne suis pas seul à l’éprouver, je ne dis pas seulement en France, mais hors de France, et, parmi les témoignages auxquels je pense, il en est certains qui surprendraient peut-être l’Assemblée.

D’autre part, je suis porté à récuser la preuve tirée des livraisons soviétiques. Pourquoi ? Mais, messieurs, parce qu’il y a une hypothèse que, pour ma part, je considère comme infiniment plausible. Je crois que si les livraisons russes ont pu répondre aux livraisons allemandes et italiennes sans provoquer de conflit armé, cela tient précisément à la rémission psychologique, à l’espèce d’abaissement de température européenne que le pacte de non-immixtion avait permis de déterminer ; cela tient au commencement d’organisation européenne qui avait pu se constituer autour du comité de Londres.

Mais, si la température remontait, si l’organisa-