Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Mais leur afflux est devenu tel… » — il s’agit de l’afflux des volontaires étrangers — « … et surtout il pourrait prendre un tel caractère qu’on en vient à se demander si la responsabilité des États ne risque pas d’être engagée, ce qui serait un péril peut-être plus grave encore que celui d’envois d’armes massifs et directs. »

À quoi cela revient-il ? Cela revient à dire que la liberté du commerce devrait devenir, bon gré mal gré, quoi qu’on en ait, quelles que soient les intentions et les résolutions du départ, une intervention de fait, une intervention de moins en moins dissimulée.

Voilà la conséquence logique, voilà la conséquence pratique.

Et cependant, on ne nous la propose pas. Et M. Maurice Thorez à cette tribune, il y a un instant, se défendait énergiquement de la proposer.

Pourquoi ? Mais précisément parce qu’on sent bien, messieurs, les dangers et les risques qu’elle recèle, parce qu’elle ajouterait un risque et un danger de plus à ceux qui pèsent déjà si lourdement sur la paix. Et à l’inverse, la politique de non-immixtion, malgré les froissements, malgré les surprises, les déceptions, les déchirements qu’elle a pu causer, a du moins diminué ces risques et atténué ces dangers.

On nous a affirmé que nous nous les étions exagérés, que nous avions, sommé toute, cédé à la menace plutôt qu’au péril. On nous a assuré que si nous nous étions maintenus fermement au mois d’août sur le terrain du droit international — et nous maintenir strictement sur le terrain du droit international, cela aurait voulu dire : revendiquer notre droit de secourir le Gouvernement légal tout en interdisant à l’Allemagne, à l’Italie et au Portugal de secourir les rebelles — on nous a assuré que nous aurions alors fait reculer les États autoritaires.