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observation plus exacte des engagements contractés par les gouvernements.

La politique de non-immixtion, à bien des égards, n’a pas donné tout ce que nous en attendions. Oui. Mais, messieurs, est-ce une raison pour la condamner ?

Il faut qu’ici, les uns et les autres, nous allions jusqu’au bout de notre pensée.

Si vraiment, au nom de la liberté internationale, au nom de la sécurité française, nous devons à tout prix empêcher l’établissement victorieux de la rébellion sur le sol d’Espagne, alors je déclare que la conclusion de M. Gabriel Péri et de M. Thorez ne suffit pas.

Il ne suffit pas de dénoncer l’accord de non-immixtion. Il ne suffit pas de rétablir entre l’Espagne et la France la liberté du commerce des armes.

Le libre commerce des armes entre l’Espagne et la France, ce ne serait pas alors un secours suffisant, bien loin de là.

Non ! Pour assurer le succès de la légalité républicaine en Espagne, il faudrait aller plus loin, beaucoup plus loin. Il faudrait s’engager beaucoup plus avant.

Dans de telles conditions, la vérité — les événements l’ont prouvé — c’est que seul un Gouvernement peut réellement en armer un autre. Pour être vraiment efficace, le secours devrait être gouvernemental. Il devrait l’être au point de vue du matériel, comme au point de vue du recrutement. Il devrait comporter, sous couleur de fournitures, un prélèvement d’armes dans les stocks, et, sous couleur d’engagements volontaires, un prélèvement d’hommes dans les unités.

C’est cela que disait, en réalité, hier, M. le ministre des Affaires étrangères, dans une phrase que je ne crois pas que M. Maurice Thorez ait exactement interprétée, car elle visait avant tout ce cas. Je la relis :