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vous l’ai dit, les délégués de puissantes sections syndicales qui venaient demander au Gouvernement de revenir sur sa décision, d’entreprendre une autre politique, une politique déclarée de secours à l’Espagne. Je vous répondrai aussi franchement et aussi clairement que je leur ai répondu hier à eux-mêmes. Aujourd’hui, toutes les puissances ont, non seulement donné leur assentiment, mais promulgué des mesures d’exécution. Il n’existe pas, à ma connaissance, une seule preuve ni même une seule présomption solide que, depuis la promulgation des mesures d’exécution par les différents gouvernements, aucun d’eux ait violé les engagements qu’il a souscrits. Je répète, s’il le faut, et en pesant chacun de mes mots, ce que je viens de dire.

Et vous pensez que, dans ces conditions, nous pouvons, nous, déchirer le papier que nous avons nous-mêmes demandé aux autres de signer, alors qu’il est tout frais de leurs signatures, alors que nous sommes hors d’état de prouver que par l’un quelconque des contractants la signature ait été violée !

Camarades, c’est une question trop grave pour qu’on la raisonne par des interruptions ou par des mouvements de séance. Je vous apporte ici matière à réflexion pour vous-mêmes, et ce n’est pas votre assentiment du moment que je vous demande : ce que je vous demande, c’est tout à l’heure, ce soir, demain, la réflexion grave et sincère sur ce que je vous aurai dit.

Si on me demande de revenir sur les décisions du Gouvernement et de déchirer le papier que nous avons signé, aujourd’hui, comme hier, je réponds : non ! Cela ne serait possible que si nous étions devant la certitude prouvée que la signature d’autres puissances a été violée. Nous ne pouvons pas retirer la nôtre, et nous pouvons encore moins faire quelque chose qui, à mes yeux, serait pire