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quement et politiquement, jusqu’à ce que les mesures d’exécution fussent promulguées, l’aisance que nous nous étions interdite à nous-mêmes. C’est cette injustice, cette inégalité, qui vous a fait souffrir comme nous pouvions en souffrir nous-mêmes.

Mais, malgré tout, sans vouloir défendre chacun de nos actes — car, encore une fois, j’en prends la responsabilité entière — voulez-vous mesurer la contre-partie ? Voulez-vous vous demander : si nous n’avions pas fait l’offre du 8 août, si nous n’avions pas aussitôt après recueilli — alors que notre suspension des autorisations était conditionnelle — des adhésions sans réserve d’un certain nombre de puissances, si nous n’avions pas recueilli de la part des plus importantes, un assentiment de principe, voulez-vous vous demander ce que serait devenu un incident comme celui du Kamerun ?

Avez-vous oublié la redoutable interview publiée, il y a déjà un mois, où l’un des chefs rebelles déclarait aux représentants de la presse internationale que, plutôt que d’accepter la défaite, il n’hésiterait pas à jeter l’Europe dans les pires difficultés internationales ?

Demandez-vous cela en toute conscience ; demandez-vous le en toute bonne foi et dites-vous que cette conduite, qu’on nous reproche, qui a comporté de votre part des critiques que je comprends, qui a blessé en vous les sentiments que je fais mieux que comprendre, a peut-être en une ou deux heures particulièrement critiques, écarté de l’Europe le danger d’une conflagration générale.

Et, si on me dit : « Non, vous exagérez le danger », eh bien, écoutez-moi. Je vous demanderai de m’en croire sur parole, de vous en référer à la parole d’un homme qui ne vous a jamais trompé.

Et, maintenant, aujourd’hui, devant quelle situation nous trouvons-nous ? J’ai reçu hier, je