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dans la possibilité d’aucune combinaison qui, sur le plan européen, permette d’assister les uns, sans qu’on assiste par contre les autres.

Demandez-vous aussi qui peut fournir, par le secret, par la concentration des pouvoirs dans la même main, par l’intensité des armements, par le potentiel industriel, demandez-vous qui peut s’assurer l’avantage dans une telle concurrence ? Une fois la concurrence des armements installée, car elle est fatale dans cette hypothèse, elle ne restera jamais unilatérale. Une fois la concurrence des armements installée sur le sol espagnol, quelles peuvent en être les conséquences pour l’Europe entière, dans la situation d’aujourd’hui ?

Si ces pensées sont maintenant suffisamment claires et suffisamment présentes devant votre esprit, ne vous étonnez pas trop, mes amis, si le Gouvernement a agi comme il l’a fait.

Je dis le Gouvernement, mais je pourrais aussi bien parler à la première personne, car j’assume toutes les responsabilités. Au nom du Gouvernement que je préside, je n’accepte pas d’exception de personne ou d’exception de parti. Si nous avons mal agi aujourd’hui, je serais aussi coupable, en ayant laissé faire qu’en le faisant moi-même ; je n’accepte pas ces distinctions…

Ne vous étonnez pas si nous en sommes venus à cette idée : la solution, ce qui permettrait peut-être à la fois d’assurer le salut de l’Espagne et le salut de la paix, c’est la conclusion d’une convention internationale par laquelle toutes les puissances s’engageraient, non pas à la neutralité — il ne s’agit pas de ce mot qui n’a rien à faire en l’espèce — mais à l’abstention, en ce qui concerne les livraisons d’armes, et à l’interdiction de l’envoi en Espagne de matériel de guerre.

Nous sommes arrivés à cette idée par le chemin que je vous trace, chemin sur lequel nous avons connu, je vous l’assure, nous aussi, quelques sta-