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gardons bien d’élever un soupçon sur la volonté de paix que le Chancelier Hitler a proclamée dans des occasions solennelles. Si des accords doivent un jour intervenir, ils ne peuvent et ne doivent se conclure que dans un esprit de confiance et sur un plan d’égalité.

Mais, cela dit, il y a comme une vérité d’évidence devant laquelle personne ne peut tenir ses yeux fermés. Dans l’état présent de l’Europe, alors que la sensibilité des peuples est soumise depuis de longs mois à un régime de secousses périodiques, alors que la concurrence des armements se poursuit partout sur un rythme encore plus rapide qu’avant la guerre, comment des accords économiques pourraient-ils se concevoir, indépendamment du règlement politique ? Quelle est la nation qui consentira à coopérer avec une autre nation, soit en lui ouvrant des crédits, soit en améliorant son approvisionnement en matières premières, soit en lui ouvrant des facilités de peuplement ou de colonisation, soit par tout autre moyen, si elle doit conserver si peu que ce soit l’appréhension que le secours prêté par elle risque de se retourner un jour contre elle, que les crédits, les matières premières, les établissements extérieurs viendront encore accroître une force et un « potentiel » militaires dont elle-même ou ses amis seraient les victimes ? Il existe donc une liaison nécessaire, une connexion inéluctable entre coopération économique d’une part, organisation pacifique et arrêt de la course aux armements de l’autre. Pour travailler en commun, il faut pouvoir travailler en paix.

Cette connexion est tout aussi évidente si l’on inverse la position du problème. L’excès même des armements, j’en ai l’intime conviction, obligera l’Europe à « reconsidérer » la question du désarmement. Une convention sur la limitation et la réduction progressive des armements doit nécessairement faire partie intégrante d’un règlement