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rantes que fait naître le contact quotidien de deux pays voisins, mais pour aborder en pleine franchise les problèmes plus généraux que pose la vie politique de deux grands États. Les conversations directes existent donc, mais je crains que, quand on parle de « conversation directe », on ne pense en réalité à autre chose. « Conversation directe », dans la pensée des hommes qui emploient le plus complaisamment cette expression, signifie en réalité « règlement séparé ». On entend par là qu’un accord stable pourrait s’établir entre l’Allemagne et la France, après un entretien en tête à tête, sans que d’autres Puissances participent au débat, ou se trouvent engagées dans la solution. Et il est évident d’ailleurs que cette conception rejoint la méthode préconisée et pratiquée par le chancelier Hitler, méthode qui tend à la conclusion de pactes bilatéraux, conclus séparément par un État avec chacun des États qui l’entourent ou l’intéressent, et volontairement isolés les uns des autres dans leur négociation comme dans leurs effets.

Cette méthode n’est pas celle que préconise et que pratique le Gouvernement français. En le rappelant comme je le fais, je n’entends pas énoncer une préférence théorique. Je crois faire montre de réalisme quand je déclare que nous ne voulons pas abstraire la sécurité française de la paix européenne, et nous ne le voulons pas parce que nous ne le pouvons pas. Nous sommes convaincus qu’aucun engagement spécial à la France ne garantirait la sécurité de la France, et c’est cette conviction qu’exprime la formule, souvent si mal comprise, de la « paix indivisible ». Nous ne pouvons rester en Europe des spectateurs indifférents. Nous sommes membres de la Société des Nations, fidèles à ses principes, fidèles à son pacte. Nous avons lié des amitiés dont nous restons pleinement solidaires. Nous ayons contracté des obligations auxquelles nous demeurons pleinement fidèles. Notre