Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à jeter d’ici des offres publiques de « conversation directe » et de « coopération économique ». Il faut que je vous fasse un aveu. Quand j’ai lu ces informations sensationnelles, je revenais de vacances, et je ne m’étais pas demandé durant une seule minute ce que je dirais ou ne dirais pas à Lyon. Mais voici la plus étonnante vertu de la presse moderne : elle finit par créer ce qu’elle imagine. À force d’affirmer un fait qui est encore du domaine de la fantaisie, elle en fait une vérité. Après les journaux parisiens, tous les journaux d’Europe et du monde ont répété à l’envi que, le 24 janvier, à Lyon, je traiterais des relations de l’Allemagne et de la France. Je vais donc en traiter, puisque la presse internationale en a décidé ainsi. Me taire serait aujourd’hui une façon de parler. Et d’ailleurs, après tout, la presse internationale avait raison. Elle avait anticipé, avec une prescience admirable, sur le cours logique d’événements qu’elle ignorait encore. Au lendemain du discours que M. Eden a prononcé à la Chambre des Communes, à la veille du discours que le Chancelier Hitler doit prononcer à Berlin, il n’est pas inutile que la pensée constante du Gouvernement français soit rappelée une fois de plus.

Je voudrais d’abord élucider avec vous le sens d’une expression dont on use volontiers, mais non sans une certaine imprudence. « Conversation directe » avec l’Allemagne, qu’est-ce que cela signifie exactement ? Nous avons toujours des « conversations directes » avec l’Allemagne, par l’intermédiaire de son Ambassadeur et du nôtre, par le contact de nos Ministres quand ils ont la bonne fortune de se rencontrer. Au cours de ces conversations, nous ne considérons aucun sujet comme interdit. Nous avons toujours été et nous resterons prêts à l’effort le plus sincère et le plus libre, non seulement pour traiter les questions cou-