Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

évident de sa force et de sa présence ? C’est dans ce fait que les chefs d’autres États, même ceux qui non seulement arment comme les autres, mais qui ont essayé de ranimer dans leur peuple la vieille idée de la guerre inévitable, même ceux qui ont voulu dire : « la guerre est nécessaire, la guerre est belle, la guerre est une école de vertu », même ceux-là ne peuvent pas, devant leur peuple, ou devant le monde, prononcer un discours où l’offre du désarmement ne soit pas formulée. Je n’ai pas à chercher dans quelle mesure ils sont ou non sincères. Je prends les paroles telles qu’elles sont, comme je prends les hommes tels qu’ils sont. Mais ils sont obligés de parler de désarmement, et ils en parlent parce qu’ils sentent bien qu’il y a une sorte d’exigence de la conscience universelle, à laquelle aucun État ne saurait, sans danger, se soustraire.

Citoyens, je vous ai peut-être tenu un langage bien grave pour un jour de fête. Je m’en excuse auprès de vous. J’avais mieux commencé. Ces pensées conviennent peut-être mal au sentiment qui vous anime tous, à ce sentiment de joie que vos visages, vos yeux faisaient voir tout à l’heure.

Que voulez-vous, c’est une rançon. On ne vient pas à une fête comme celle-ci sans s’exposer aux discours, et le mien subit naturellement l’influence de la fête d’abord, mais ensuite aussi l’influence du dehors, l’influence du moment et des circonstances.

La conclusion que je voudrais que vous reteniez dans votre souvenir n’est pourtant pas une pensée de découragement ou de tristesse.

Je suis convaincu que, par la volonté des peuples, la paix sera préservée. Je suis convaincu qu’un régime comme celui qui est aujourd’hui imposé à toute l’Europe aura son terme, aura son temps. Je suis convaincu que l’œuvre que nous allons commencer dans quelques semaines à Genève aboutira au succès. Il est nécessaire de se prononcer entre le désarmement et la guerre. L’Eu-