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Nous avons ajouté cela, et peut-être quelque chose de plus, nous sommes arrivés à la certitude, tristement confirmée par les événements de l’an dernier, qu’aucune organisation internationale, qu’aucune sanction internationale ne restera sûre d’elle-même, sûre de sa propre application, tant que les nations poursuivront leur armement intensif.

Nous avons ajouté cette idée que l’arbitrage doit être accompagné du désarmement, que tant que le régime de la course aux armements durera, un État puissamment armé, sûr de sa force, ramassé sur lui-même, sûr du succès de ses décisions et de ses moyens, pourra toujours, en quelques heures peut-être, placer le monde et placer la juridiction arbitrale devant le fait accompli, qu’il pourra se saisir de sa proie et défier ensuite toutes les justices et toutes les sentences. Tandis que dans une Europe désarmée, on ne courrait plus de risque de voir une puissance se soustraire aux juges ou se soustraire aux jugements.

Voilà ce que nous avons pu, en quinze ans, ajouter à l’œuvre de Jaurès.

Je sais que des idées comme celles-ci, exprimées par un chef de Gouvernement, à l’heure où je parle, peuvent sembler paradoxales : lancer, rappeler le mot de désarmement, quand toute l’Europe bruisse du fracas des armes et des fabrications, quand, partout, des crédits militaires nouveaux s’ajoutent aux crédits de la veille, quand, nous-mêmes, cédant franchement à une nécessité dont nous ne pouvons disconvenir, nous ajoutons lourdement aux charges militaires du pays ?

Oui pourtant ! Il faut parler à cette heure du désarmement, il faut en parler surtout à cette heure ! Plus l’Europe arme, plus nous armons nous-mêmes, plus nous avons le devoir de ne pas laisser l’espoir du désarmement s’éteindre.

Savez-vous où je trouve le témoignage le plus