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été partagée même par la puissance qui est attaquée. Et tous ceux qui ont vécu auprès de lui savent quelle délivrance ce fut pour lui quand il saisit l’idée qui devait servir de distinction définitive entre la guerre de conquête, la guerre d’agression et la défense du sol national envahi.

Vous savez que cette idée fut celle de l’arbitrage, que c’est de cette idée que sont empreints ses derniers discours, et aussi de cette idée que sont empreintes des résolutions célèbres de l’Internationale.

C’est le fait d’accepter ou de ne pas accepter l’arbitrage, le fait de s’incliner devant la sentence arbitrale ou d’y résister, qui deviendra, pour Jaurès, le moyen de distinguer entre l’agresseur et l’attaqué.

Dans le pays attaqué, le devoir de la classe ouvrière est éclatant. Elle doit défendre le sol envahi. Pour le prolétariat du pays agresseur, le devoir n’est pas moins clair : c’est le devoir révolutionnaire d’abattre par tous les moyens le gouvernement.

Toutes ces idées ont été affirmées et exprimées dans les trois ou quatre années qui ont précédé la guerre de 1914.

Qu’est-ce que nous y avons ajouté depuis ? Seulement ceci : pour la prévention de la guerre, nous avons ajouté l’organisation internationale des États à l’organisation internationale des travailleurs. La Société des Nations n’est pas autre chose. L’article 16 du Covenant n’est pas autre chose qu’une adhésion gouvernementale à des clauses de cette résolution de Stuttgart, qui, quelques années auparavant, avait fait traiter Jaurès de traître à son pays.