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ce qu’il y avait d’énergie et de ténacité derrière cette voix calme, tranquille, mesurée, musicale. Tout le monde avait senti ce qu’il y avait de courage et d’audace derrière ce regard limpide et presque ingénu.

Moi aussi, je crois que je l’avais compris dès que je l’avais connu. Depuis lors, les années ont passé. Nous avons vécu très près l’un de l’autre, et, mon Dieu ! nous avons failli mourir ensemble boulevard Saint-Germain, un matin de février, et aucun de vous n’ignore que, pour ma part, si je suis sorti vivant de l’aventure, c’est grâce au courage indomptable de Georges et de Germaine Monnet.

Et aujourd’hui, nous voilà ici, l’un à côté de l’autre, comme il y a huit ans, représentant tous les deux, près de vous, le Gouvernement de Front Populaire, ayant près de nous, à nos côtés, nos collègues, nos amis Liautey et Aubaud, dont vous avez entendu, tout à l’heure, les paroles si profondément affectueuses. Ils vous disaient la bien simple vérité, quand ils vous affirmaient que jamais dans un Gouvernement de mémoire de parlementaire, on n’a trouvé plus de confiance, plus de loyauté, plus d’affection que celles qui nous unissent indissolublement.

Tout à l’heure, vous avez entendu les paroles amicales du secrétaire de la section Communiste de Soissons et vous m’ayez vu échanger avec lui une poignée de main fraternelle. Ce qui se passe ici, c’est le symbole de ce qui se passe dans le pays tout entier. Et, dans ce mouvement du Front Populaire, le rôle de votre élu, de notre ami Monnet, n’a pas cessé de grandir.

Cette affaire de l’Office du blé, il faut avoir vu cela. Quand nous avons décidé de déposer le projet de loi devant le Parlement, on nous a dit : « Vous aurez difficilement une majorité à la Chambre. Jamais, on ne fera passer le texte au Sénat. Admettez que vous le fassiez passer, en fin de compte