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sous d’un certain degré de puissance offensive immédiate, la communauté internationale n’aurait plus à redouter de rébellion. Le désarmement est la caution de l’arbitrage et la sanction des sanctions.

Voilà dans quelle direction la France s’efforcera d’orienter l’activité internationale, sans reculer devant aucune initiative. Et voilà dans quel esprit elle est résolue à examiner les litiges actuellement soumis à votre Assemblée. Deux infractions ont été commises à la loi internationale : violation du Pacte, violation d’un Traité solennel. Toutes les deux ont abouti à une situation de fait contraire au droit. L’affaire rhénane n’est pas réglée par le temps qui passe. L’affaire d’Éthiopie peut être réglée en Afrique ; elle ne l’est pas à Genève.

La France cherche à concilier sa fidélité au Droit, et sa volonté de Paix. Elle ne veut pas prononcer sur les faits contraires au droit une absolution qui serait un encouragement. Elle ne veut pas demander à la guerre la réparation du droit. Mais surtout, elle pense à l’Europe de demain, et son audacieuse ambition est de tirer des litiges actuels une contribution à la véritable Paix, à la Paix organisée, à la Paix indivisible, à la Paix désarmée. Elle n’aperçoit qu’un moyen sûr de liquider le passé, c’est de créer un autre avenir.

La question essentielle que la Société des Nations doive poser aux Puissances par qui les infractions ont été commises est de savoir si elles sont ou non résolues à préparer cet avenir. Sont-elles d’accord pour que, dans l’histoire de l’Europe, avertie et éclairée par de cruelles leçons, une phase nouvelle s’ouvre ? Acceptent-elles le travail commun pour la « Paix désarmée » au sein d’une Société des Nations régénérée par l’épreuve ? Quelles sont leurs intentions, leurs offres, leurs garan-