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lité de la guerre pour sauver la paix. Le Pacte impose cette alternative à toutes les puissances sans distinction. Nos projets d’aménagement la limitent aux puissances les plus proches — géographiquement ou politiquement — de la puissance attaquée. Mais plus ou moins généralisée, l’éventualité existe, le risque subsiste.

Je déclare sans hésiter que dans l’état présent du monde, ce risque doit être envisagé en pleine conscience et avec un plein courage. Je conviens sans plus d’hésitation que plus il sera courageusement couru, plus il sera faible.

Cependant, l’unique solution qui puisse satisfaire la conscience des peuples est celle qui viderait la sécurité collective de toute la virtualité de guerre qu’elle peut encore receler. La sécurité collective ne doit être qu’un pur instrument de paix et son jeu ne devrait normalement contenir aucun danger de guerre. Ce qui revient à dire que pour être complète, la sécurité collective doit se combiner avec le désarmement général.

On paraît presque ridicule en lançant à nouveau l’idée du désarmement à travers l’Europe d’aujourd’hui, toute résonnante du fracas des armes. Et pourtant, il est bien certain que sans la réduction progressive des appareils militaires, que sans la « course au désarmement » il n’est pas possible de concevoir la pleine efficacité des sentences arbitrales et le pouvoir exemplaire de sanctions purement pacifiques.

Sans doute, la sécurité collective est la condition du désarmement, car aucun État ne consentirait à désarmer si l’assistance mutuelle ne présentait pas un caractère de certitude. Mais la réciproque est tout aussi vraie. Le désarmement est la condition d’une sécurité collective complète, car il faut que les États soient « substantiellement désarmés » pour que les sentences arbitrales s’imposent, pour que les sanctions pacifiques contraignent. Au-des-