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du Droit ?… Sans doute, un texte indiscutable assimile l’occupation de la zone rhénane à une agression caractérisée. Mais, malgré l’équivalence juridique, le sol français était intact. Qui donc oserait supposer que notre réaction eût été la même si l’on avait réellement touché soit à nos frontières, soit à celles que garantissent nos engagements ?

Quant aux mouvements ouvriers, je n’ai pas à en expliquer ici le caractère ni à justifier ici la politique sociale engagée en France par la nouvelle majorité et le nouveau Gouvernement. Un grand changement s’accomplit, sans violence. Les récits qui montrent la France en proie à je ne sais quelles convulsions sanglantes — récits dont je n’aurais pas à chercher bien loin des exemples — ne sont que des travestissements calomnieux. Certes, notre vie publique est ardente, mais les peuples ardents ne sont ni des peuples lâches, ni des peuples égoïstes. Une nation ne s’affaiblit pas, mais au contraire, elle se fortifie, quand elle accroît l’intensité de son énergie intérieure. Un peuple est d’autant plus attaché à son indépendance qu’il a plus de raisons de la défendre, qu’il vit plus libre dans une société plus juste. C’est ce qui se passe en France aujourd’hui.

La délégation française se sent donc en état de parler d’une voix ferme et tranquillement assurée quand elle se fait ici l’interprète de la volonté de la nation. Cette volonté est claire. Le peuple français veut la paix. Il est unanime à la vouloir. Il la veut si profondément que, dans nos polémiques intérieures, le suprême argument des partis les uns contre les autres est de dire : « Vous compromettez la cause de la paix ; vous attirez la nation vers la guerre ». Bien qu’il se sache assurément libre comme tous les autres peuples de choisir ses amitiés, et de les choisir selon ses affinités politiques,