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Léon Blum se rendit à Genève, à la tête de la délégation française. Le 30 juin, devant l’Assemblée de la Société des Nations, il exposa la position du gouvernement français devant le problème de la sécurité collective :

Vous entendrez aujourd’hui, comme délégué de la France, un homme neuf dans cette Assemblée comme il était neuf dans les conseils du Gouvernement de son pays, et qui se présente à vous avec toute la force de son inexpérience. Je m’adresserai à vous sans détours, ou même sans précautions, et je voudrais devoir votre sympathie à ma franchise.

Permettez-moi donc, avant de définir la position du Gouvernement, du Parlement et du peuple français, d’éclaircir quelques équivoques qui pèsent sans doute d’un poids assez lourd sur l’ensemble de la situation internationale. J’ai entendu, j’ai lu que, depuis quelques semaines, l’influence de la France en Europe, sa faculté d’action sur les affaires européennes étaient allées en déclinant. Puissance désormais incapable d’opposer une réaction efficace aux violations de la loi internationale, ou d’apporter une aide efficace à l’exécution des contrats internationaux… Puissance neutralisée au dehors par ses difficultés intérieures… Puissance réduite au second ordre !… Ces mots me blessent en les prononçant, mais on a dit, on a écrit cela, et vous ne