qu’entre nos deux nations, entre nos deux républiques, il subsiste une mésintelligence. Et je n’en cacherai pas la cause que vous connaissez mieux que moi. En France, nous avons tendance à croire que la question des dettes est effacée, abolie, qu’elle a cessé d’exister. Je me rends compte, au contraire, que pour l’opinion américaine elle existe encore, qu’elle a laissé des traces profondes et sensibles. Il y a là entre les deux pays une mésintelligence, et la seule façon d’effacer les mésintelligences c’est, je crois, la droiture et la franchise. Il y a eu entre les deux pays un dramatique malentendu. On n’a pas compris, je crois, dans l’opinion américaine, à quel point le plan Dawes et le moratoire Hoover avaient créé dans notre esprit un lien logique et indissoluble entre les versements de l’Allemagne débitrice et nos paiements à l’Amérique créancière. Et chez nous, dans l’opinion française, sans doute n’a-t-on pas compris que cette dénonciation unilatérale d’un contrat lésait chez vous bien autre chose que le sens de la probité commerciale, qu’elle blessait vraiment un sentiment moral.
Excusez-moi de vous parler ainsi, mais je le répète, je profite de ce qu’en ce moment je puis parler devant vous à cœur ouvert, sans engager d’autre responsabilité que la mienne.
Nous le savons bien aujourd’hui par des exemples qui nous sont à nous aussi cuisants. Pas plus qu’un homme, une nation ne doit donner, même à tort, même injustement, l’apparence de quelque chose qui ressemble à de l’ingratitude vis-à-vis d’un ami.
Je voulais dire cela et je souhaite de toute ma force que ce malentendu puisse s’effacer. Peut-être pourra-t-il s’effacer si nous parvenons les uns et les autres, par notre effort commun, à réaliser un autre état de l’Europe et du monde, si nous arrivons à refaire un monde, à le débarrasser de toutes ces barrières qui le cloisonnent, si nous arrivons à