Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

franchise que je conserverai toujours, j’espère, mais aussi avec une liberté dont je ne peux plus user que pendant une courte période de temps, car il viendra un moment où mes paroles engageront d’autres responsabilités que la mienne. Aujourd’hui, je suis encore un homme privé, un homme parfaitement libre, et vous me permettrez d’user avec vous de cette liberté.

Je voudrais vous dire en quelques mots ce que je pense de la politique étrangère d’un pays comme la France, et peut-être les quelques observations très simples que je vais faire s’appliqueront-elles aussi à d’autres nations.

On dit couramment que la politique étrangère d’un pays ne doit tenir aucun compte de la politique intérieure ou du régime intérieur des autres pays. C’est un adage courant que je crois un peu absolu. Nous voulons vivre en paix avec toutes les nations du monde quels que puissent être leur politique intérieure ou leur régime intérieur. Nous voulons, avec toutes les nations du monde, quels que soient leur politique ou leur régime intérieur, éliminer les causes de conflits d’où pourrait un jour sortir la guerre. Nous voulons, avec toutes, quelles qu’elles soient, et pourvu qu’elles veuillent la paix, travailler à consolider et à organiser la paix.

On nous a beaucoup accusés — on nous accuse peut-être encore — de pousser la France par esprit de secte, par haine de secte, à des difficultés ou à des positions d’où la guerre pourrait sortir.

Mon cher Président, vous faisiez allusion tout à l’heure à la crainte qui pourrait peser sur certains Américains désireux de venir en France, d’y travailler, d’y étudier. L’expérience que nous allons tenter ne peut se poursuivre et ne peut réussir que dans le calme et la paix intérieure, mais à plus forte raison, ou à raison égale, elle ne peut se poursuivre et réussir que dans la paix tout court.

Nous n’attachons, quant à nous, aucune vertu à