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Dès le 15 mai, avant même la formation du gouvernement, à l’occasion d’un déjeuner offert par l’American Club de Paris, Léon Blum indiqua les grandes lignes de sa politique extérieure, fondée tout entière sur une ferme volonté de paix :

Je remercie profondément votre Président des paroles qu’il vient de prononcer et j’avoue que je suis un peu confus de votre accueil, de votre sympathie, en même temps que de votre curiosité.

Votre ambassadeur qui, depuis de longs mois, veut bien — je crois ne pas forcer les choses — me traiter en ami, m’a demandé tout à l’heure si je parlerais en français ou en anglais.

Je sais très bien que la vraie courtoisie serait de me lever en ce moment et de faire mon speech en anglais. Vous en auriez été touchés tout en vous moquant un peu de mon accent. Mais je suis obligé de vous faire une confession qui me coûte. Je ne sais pas l’anglais. Parmi les mauvais dons dont le ciel m’a comblé figure celui de ne pas pouvoir apprendre les langues. J’ai un peu appris l’anglais quand j’étais très jeune ; j’ai beaucoup étudié l’allemand quand j’étais adolescent, et le résultat a été aussi déplorable. Je me demande même par quel miracle j’ai pu apprendre une langue — la mienne ! Mais enfin c’est la seule dont je puisse user, et c’est en français que je vais m’adresser à vous, avec une