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pas beaucoup changé depuis six mois. Si ! messieurs, elles ont changé malgré tout ! Je vous en donnerai la preuve explicite si vous le voulez, en vous faisant le tableau exact de ce qui subsiste actuellement de conflits sociaux et de tous ceux que nous avons résolus, soit par la conciliation, soit même, ce que chacun de vous ignore sans doute, par des mesures de fermeté. En effet, quand nous les prenons, ce sont toujours celles qui sont le plus complaisamment ignorées. Mais la situation a changé, croyez-moi. Laissez-moi vous le dire, si elle n’avait pas changé, si elle était encore aujourd’hui ce qu’elle a été au mois de juin dernier, quand nous avons pris le pouvoir, nous rencontrerions, sans doute, moins de résistances.

Vous trouvez notre œuvre insuffisante ; c’est possible. Mais personne ne peut nier que nous ayons, malgré tout, depuis six mois, à l’intérieur de ce pays, introduit un peu plus de concorde… Comparez la situation d’aujourd’hui à celle que nous avons trouvée quand nous avons pris le pouvoir, M. Sarraut ou moi-même, et voyez s’il y a un changement.

Cet effort-là nous voulons le continuer, et nous vous en demandons les moyens. Nous, responsables de la sécurité de ce pays, déclarons que nous ne pouvons pas l’assurer si vous ne nous donnez pas les moyens d’y maintenir la concorde civique.

Nous vous déclarons — c’est là la raison de ce que vous nous avez tant reproché, de ce que vous appelez notre faiblesse — que laisser se perpétuer les conflits ou les éteindre par l’application de la force, ce sont des moyens différents de ruiner ou d’atteindre la concorde civique, la concorde nationale, et c’est parce que nous avons voulu ramener cette concorde et que nous en avons besoin plus que jamais dans les conditions françaises et dans les conditions européennes de l’heure, c’est pour cela que nous avons agi.