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voir ce cas dans la loi, et je vais vous en dire la raison.

Pourquoi, dans cette loi, avez-vous l’air de prévoir des cas dont vous savez bien qu’ils sont l’exception, qu’ils ne se présentent que d’une façon isolée ? Pourquoi, dans une loi, avez-vous l’air de ne prévoir que les fautes qui doivent être à la charge des ouvriers ? Pourquoi y introduisez-vous d’avance cet élément d’inégalité ? En agissant ainsi, vous donneriez l’impression que vous avez fait une loi partiale.

Il n’y a pas une seule loi ouvrière dans laquelle le législateur ne se soit pas appliqué à tenir, entre employeurs et employés, la balance rigoureusement égale ; ou lorsque quelquefois il a fait pencher la balance d’un côté, il l’a tout naturellement fait pencher du côté des employés, parce que ce sont ceux pour lesquels la protection et l’intervention de la loi sont le plus nécessaires.

Et ici, vous semblez légiférer par présomption de fautes commises exclusivement par certains éléments du personnel ouvrier, alors que vous savez bien, par la pratique des choses, que d’autres fautes, parfois aussi graves, peuvent être commises d’autre part.

Messieurs, je pense qu’une telle disposition est dangereuse. Mais voulez-vous maintenant que nous en envisagions ensemble les conséquences pratiques ?

Faisons ce que j’ai fait franchement hier avec M. Georges Pernot : considérons les litiges en cours ; demandons-nous quelle va être la répercussion de la loi sur les grèves qui sont en cours en ce moment même et pour lesquelles je vous demandais hier, avec tant d’insistance, des instruments de conciliation et d’apaisement.

Il est possible que, dès à présent — je n’en sais rien, c’est possible — les patrons du Nord, de Lille et de Maubeuge aient signifié à tout leur personnel