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puisse avoir cette signification, car vous auriez alors dans ce pays des conflits ouvriers inextricables et insolubles. On entre ou non dans la voie de l’arbitrage. Ce n’est pas moi qui y suis entré, c’est le Sénat, vous le savez bien, et vous vous rappelez dans quelles conditions. Mais si on y entre, il faut y entrer franchement, délibérément, courageusement, et avec la volonté d’aboutir et de réussir.

… Nous nous trouvons aujourd’hui en présence d’un texte auquel il ne m’est pas possible d’apporter l’accord du Gouvernement. Il dispose que si, pendant ce que vous me permettrez d’appeler la période suspecte — et vous voyez dans quel sens j’emploie l’expression — c’est-à-dire entre la cessation du travail et l’ouverture de la procédure arbitrale, des licenciements ont été prononcés par les patrons, provision sera donnée à ces licenciements et le travail sera repris sans réintégration de ces ouvriers. Or, messieurs, je vous déclare qu’une telle disposition rend d’avance vaine et caduque la procédure transitoire que vous cherchez en ce moment à instituer.

Je voudrais d’abord vous montrer qu’une telle disposition est inutile. Puisque vous décidez que les arbitres seront saisis de l’ensemble du litige, ils seront saisis de ces éléments de litige comme de tous les autres. Vous envisagez en ce moment, dans votre pensée, certains cas extrêmes, exceptionnels, isolés, où le patron pourra prétendre que la présence dans son usine de tel ou tel ouvrier déterminé est inacceptable ou impossible pour lui. Cette question, comme toutes les autres, sera soumise à l’arbitre. L’arbitre aura à dire si la reprise du travail est ou non possible avec la présence dans les ateliers de tel homme sur qui pèsera une accusation particulièrement grave.

Moi, messieurs, je ne vois pas la nécessité de pré-