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Je supplie le Sénat de voter ce texte dans ses dispositions essentielles, parce que, de ce vote, dépendra peut-être, à partir de demain, la solution de conflits dont vous savez tous la gravité et dont vous savez quelles peuvent être les répercussions pour la vie économique du pays.

Car enfin, nous délibérons en ce moment sur une loi de conciliation et d’arbitrage. Voilà six mois que nous essayons de concilier et d’arbitrer. Voilà six mois que des centaines et des centaines de conflits ont passé entre nos mains. Vous connaissez ceux qui ont éclaté, mais vous ignorez tous ceux que nous avons pu prévenir. Vous connaissez ceux dont le règlement a rencontré des difficultés, mais vous ne connaissez pas ceux qui ont pu être réglés à l’amiable. Nous avons acquis tout de même une sorte d’expérience professionnelle dans une profession qui n’était certes pas la nôtre ! Je vous le dis très franchement, s’il devait être entendu que l’on excepte de l’arbitrage, par voie directe ou par voie détournée, sous prétexte d’attentat à l’autorité patronale, tous les conflits résultant de congédiements individuels, toute législation de conciliation et d’arbitrage devrait être écartée ; et, pour ma part, j’aimerais mieux y renoncer tout de suite, plutôt que d’entrer dans cette espèce de fiction hypocrite, car, pour la classe ouvrière et pour le patronat à la fois, ce serait cela que nous leur offririons, au lieu d’un remède réel, efficace, à un mal que nous voulons tous guérir.

Voulez-vous que je vous dise, par exemple, comment des questions ont pu se poser dans telle ou telle usine que je pourrais vous désigner ? Voilà une usine qui licencie une portion considérable de son personnel. Elle a des commandes de l’État et les ouvriers viennent dire : « Nous affirmons qu’avec les commandes qui viennent d’être données à cette usine elle pourrait conserver une fraction plus importante de son personnel. » La ques-