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l’heure que les instructions données aux gardes mobiles étaient d’assurer l’ordre dans la rue. Mais là non plus, messieurs, je ne veux pas ruser avec l’Assemblée.

J’en suis convaincu, un jour prochain, nous serons obligés d’envisager ensemble cette question — appelez-la d’un nom ou d’un autre, peu m’importe — de la neutralisation des usines qui était si nettement posée, monsieur Millerand, dans votre projet de 1900. Car enfin, quand on dit dans un texte législatif que la grève est décidée à la majorité et, qu’à partir du moment où elle est décidée par la majorité, elle devient obligatoire pour l’ensemble de la collectivité ouvrière, que fait-on de la liberté du travail et du droit du patron ? Je me permettrai, monsieur Millerand, de m’armer, contre vous, de vous-même.

Maintenant, messieurs, je voudrais bien que nous revenions, si vous le permettez, à ce qui est l’objet même de la question posée par M. Mahieu.

J’aurais voulu qu’il sortît de l’échange de vues entre M. Mahieu et le ministre de l’Intérieur, autre chose que le débat assez ardent qui vient de s’instituer. Qu’avait dit M. Mahieu, en termes qui avaient touché et ému tout le Sénat ? Il avait dit : « il y a là-bas une situation grave et qui ne peut durer davantage. »

Nous sommes, vous le savez, pénétrés comme vous de cette conviction, et comme vous, nous faisons tout ce qui peut dépendre de nous pour la faire cesser.

Ce que j’avais souhaité, c’est qu’il sortît de cette enceinte une confirmation de la volonté du Sénat qui, tout à l’heure, dans une heure peut-être, nous donnât plus d’autorité pour faire accepter, et par les patrons et par les ouvriers, un arbitrage nécessaire. C’est cela que je voudrais demander maintenant au Sénat. Je le prie de revenir à ce qui fut le point de départ de cette discussion.