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assemblée politique ; et ce n’est point, j’imagine, peser sur la liberté d’une assemblée politique que de lui signaler les considérations politiques qu’elle peut faire entrer en jeu au moment où elle aura un vote à émettre.

Je demande au Sénat de se souvenir de la situation qui existait dans ce pays il y a douze ou quinze jours. Je lui demande de considérer que le vote des projets de lois que nous lui présentons, que l’attente, que l’espoir de ce vote est à coup sûr un des éléments de l’œuvre de conciliation et de concorde que nous avons tentée et qui, vous vous en réjouissez, je le sais, comme moi, a produit déjà des effets si attendus et si heureux.

Je demande au Sénat de considérer cela. Dans l’accord qui a été signé l’autre nuit, à la Présidence du Conseil, et qui est maintenant connu sous le nom d’accord Matignon, une des clauses prévoit l’application loyale, sincère, par le patronat français des lois que vous discutez. Je ne veux pas forcer la pensée des délégués des organisations patronales avec qui j’ai négocié ce jour-là pendant toutes les heures de l’après-midi et une partie des heures de la nuit ; je ne veux pas leur faire dire ce qu’ils n’ont pas dit ; je ne veux pas dire que tout d’un coup, touchés par la grâce, ils sont devenus les partisans ou les zélateurs de réformes qui jusqu’alors n’avaient pas toujours eu leur approbation. Mais, dans cet accord, dans cette première convention collective qui appliquait d’avance une des lois que nous vous proposons, pourquoi ont-ils jugé utile et opportun de dire que le patronat français exécuterait en toute franchise et en toute impartialité les lois dont on savait que le Parlement allait être saisi ? C’est qu’ils avaient ce sentiment que l’espoir du vote de ces lois était un des éléments de la conciliation possible.

Je me permets, sans insister davantage, de recommander une considération si grave à l’atten-